Moi et ma grande gueule!

 

Vous êtes la championne toutes catégories des propos déplacés et vous collectionnez les bévues, les bourdes et les impairs? Petit tour d’horizon de situations pour lesquelles il aurait mieux valu tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler, et pistes de solutions pour ne pas passer son temps à se confondre en plates excuses.

 

«J’aurais dû, ben dû, donc dû farmer ma grand’yeule!» Richard Desjardins a fait un refrain célèbre de cette réflexion qui nous a toutes traversé l’esprit au moins une fois (le classique «Félicitations pour ta grossesse» à une connaissance qui est «juste un peu ballonnée»). Pour certaines d’entre nous, ça tient plus de la litanie. On produit tellement de «perles» qu’on pourrait s’en faire un collier!

 

Coupable du délit de grande bouche

Plutôt que d’être une tombe, on parle comme d’autres roulent: à tombeau ouvert. Notre problème est bien connu dans notre cercle d’amis, qui trouvent la chose le plus souvent sympathique, mais parfois gênante, selon les circonstances. «Ce n’est pas sa faute, elle n’a pas de filtre», expliquent-ils quand une de nos déclarations à l’emporte-pièce a (encore!) refroidit l’ambiance. Avec nous, ce n’est pas un ange qui passe, mais une délégation au grand complet. Ben quoi, quand on se sent en confiance, on parle trop. Mais il est possible de prévenir ce genre de situations.

Mieux vaut prévenir

Primo, on se répète le proverbe suivant: Toute vérité n’est pas bonne à dire. Ce n’est pas parce qu’une copine insiste pour avoir notre avis sur sa dernière acquisition — une robe aussi hideuse que coûteuse — qu’on peut se permettre de lui livrer le fond de notre pensée. On nuancera plutôt notre avis… Secundo, mieux vaut éviter les sujets dangereux (et pas seulement le triptyque politique-sexe-religion!) ou plus explosifs quand on ne connaît pas très bien ceux à qui on parle. Attention, il ne s’agit pas de s’adonner à la langue de bois pour autant, mais de procéder à une minicensure quand on sait qu’on s’aventure sur un terrain miné. La tendance est au «Peu, c’est mieux». Même chose pour les conversations: prônons l’économie de mots!

 

Si on a trop parlé

On voudrait bien ne pas avoir à se sentir mal aussi souvent, l’embarras n’étant pas la sensation la plus plaisante qui soit. Florilège de situations gênantes et solutions appropriées.

J’ai dit

«J’ai l’impression que je pourrais avoir une carte du club des mal cités tellement je passe mon temps à me justifier de ce que j’ai pu dire. Ma dernière bourde? Avoir dit à une collègue qu’une rumeur persistante au boulot lui prêtait une liaison avec un de nos supérieurs, marié après avoir été célibataires lontemps.. Je voulais la prévenir, et elle pense désormais que je colporte des cancans…»

J’aurais dû

Les potins, on évite d’y être mêlée de près ou de loin. Et si c’est une forme de complicité que l’on cherche, on s’arrange pour la créer d’une autre façon. La discrétion reste le meilleur de nos atouts. Si on a entendu dire que notre chef s’est fait faire un lifting pendant ses vacances, on ne lui saute pas dessus à son retour pour la féliciter… Mieux vaut se garder une petite gêne et attendre qu’elle nous en parle (ce qui est fort peu probable).

J’ai dit

«C’est le Nouvel An, je suis dans la famille élargie de mon (ex) chum. Un cousin par alliance que je n’avais pas vu depuis un bout m’annonce qu’il n’est plus policier. Moi: “Ah ben, tant mieux! Tu sais, je ne te l’avais jamais dit mais moi, la police, ça ne me fait pas tripper”. Et lui de répondre: “En fait, je suis monté en grade, je suis inspecteur.” Je voulais mourir!»

Ou

«J’avais été invitée par un ami à un party monstre dans un immense loft. Au cours de la soirée, j’ai critiqué la déco de la place devant plusieurs personnes: “Non, mais franchement, c’est d’un quétaine, ça fait nouveau riche!”, en m’adressant sans le savoir à la maîtresse de maison.»

J’aurais dû

On évite de balbutier un improbable «Ce n’est pas ce que je voulais dire…» Plus on essaie de se justifier, pire c’est. Plutôt que de risquer de s’enfoncer, on s’excuse auprès de la personne concernée et on dédramatise la chose, en riant de soi, en avouant que l’on a été maladroite.

J’ai dit

«Il y a cinq ans, je passais une entrevue pour une super job, et tout se déroulait parfaitement. Sentant que l’affaire était dans le sac, j’ai lâché à mon futur boss: “À vrai dire j’étais un peu stressée avant de vous rencontrer, mais là, ça va mieux! Je vois que vous avez un cendrier… Est-ce que je peux m’allumer une cigarette?” Mon futur ex-boss n’a pas apprécié.»

J’aurais dû

La spontanéité, ça a son charme, mais on en fait preuve en temps et lieu. Il faut toujours garder en tête que chaque situation correspond à un comportement donné. Dans le cas d’une entrevue, on ne baisse pas la garde, on reste professionnelle. Même si les rapports hiérarchiques ne sont plus aussi marqués qu’avant, un boss reste un boss. Et on peut aussi se questionner sur notre propension à se saborder…

Bien sûr, toutes les bourdes n’ont pas les mêmes conséquences. Notre gaffe est involontaire? Elle sera certainement pardonnée. Si, par contre, on laisse tomber une phrase assassine parce qu’on est énervée et qu’on souhaite délibérément clouer le bec à son interlocuteur et le blesser, c’est autre chose.

L’avis de la psy

La psychologue clinicienne Christine Mallette nous donne des trucs pour éviter de céder à l’emportement.

  • Premièrement, il y a les paroles qu’il serait vraiment heureux que nous n’ayons pas prononcées. Elles nous échappent parce que nous nous sentons irritées, surtout lorsque nous sommes fatiguées et stressées. Pour contenir cette énergie destructrice, il faut respirer profondément et être attentive à ce qui se passe dans notre corps (ça serre au niveau du diaphragme, je ressens un poids dans la poitrine, etc.).
  • Deuxièmement, il y a les paroles qui heurtent l’autre, même si elles sont «bien intentionnées». Nous mettons notre interlocuteur en contact avec une blessure du passé, nous abordons sans le savoir un sujet sensible pour lui. Dans le cas où, malgré nous, nous blessons quelqu’un, il y a lieu de rectifier l’interprétation erronée que notre interlocuteur a fait de nos paroles.

Certes, des personnalités en ont fait leur marque de commerce. Mais soyons claires: à moins d’avoir la vocation d’un imposant syndicaliste, la plupart du temps être une grande gueule est un défaut. C’est peut-être le défaut d’une qualité, mais quand même… Écoutez donc la petite conseillère en communications qui sommeille en vous!

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